Le tétanos chez les animaux de compagnie : une maladie rare mais redoutable
Le tétanos est une maladie grave qui peut affecter nos animaux de compagnie. Les chiens et les chats sont relativement peu touchés, mais ils restent à risque. En revanche, les chevaux y sont particulièrement vulnérables. Dans cet article, nous aborderons les sujets suivants : la définition de la maladie, les modes de contamination, les symptômes, le diagnostic, le traitement, la prévention et la vaccination.
Qu’est-ce que le tétanos ?
Le tétanos est une maladie causée par une bactérie GRAM + en forme de bacille appelée « Clostridium tetani ». C’est une bactérie anaérobie, ce qui signifie qu’elle se développe en l’absence d’oxygène. Elle est considérée comme un germe tellurique, ce qui veut dire que ses spores peuvent survivre dans le sol pendant de nombreuses années (plus de 32 ans à l’abri de la lumière). Ainsi, cette souche résiste particulièrement bien dans l’environnement, notamment dans la terre, la poussière et le fumier. Cette bactérie peut également être présente naturellement dans le système digestif des animaux et des humains, où elle demeure inoffensive pour son hôte, mais elle est évacuée dans l’environnement par le biais des selles.
Lorsque ces spores pénètrent dans le corps, elles peuvent germer et libérer des exotoxines. Tout d’abord, la tétanolysine détruit les cellules autour du site d’infection, favorisant ainsi la prolifération des bactéries. Ensuite, la tétanospasmine se fixe aux terminaisons nerveuses et bloque les neurotransmetteurs inhibiteurs tels que la glycine et le GABA. Cela empêche les muscles de se détendre, ce qui entraîne des contractions musculaires spastiques et involontaires, un phénomène connu sous le nom de tétanie. Par conséquent, les muscles de l’animal se paralysent progressivement en raison de la contraction forcée provoquée par la toxine.
Le temps d’incubation de cette maladie varie généralement entre 3 et 21 jours, bien que certaines sources indiquent une moyenne de 10 jours. Cependant, il peut s’étendre sur plusieurs mois si les spores restent inactives dans l’organisme. Le tétanos, bien que relativement rare chez les chevaux, est extrêmement dangereux à cause de leur sensibilité élevée à la toxine. Les chevaux non vaccinés et les poulinières sont particulièrement vulnérables. Enfin, chez les chiens et les chats, bien que des cas soient recensés, ils sont beaucoup plus rares, notamment chez le chat qui y est particulièrement résistant.
Chez l’être humain, il s’agit d’une maladie à déclaration obligatoire de catégorie 2 (Maladie dont la surveillance est essentielle pour guider et évaluer les politiques de santé publique).
Comment les animaux attrapent-ils le tétanos ?
Clostridium tetani pénètre dans l’organisme à travers une plaie. Ce n’est pas la blessure en elle-même qui pose problème, mais le fait qu’elle devienne un milieu idéal pour le développement de la bactérie
Les situations à risque :
Une brèche cutanée, comme une plaie, une piqûre ou une morsure. Chez les chevaux, les abcès aux pieds et d’autres blessures du bas du membre peuvent servir de porte d’entrée.
Lors des interventions chirurgicales comme la castration ou la chirurgie ombilicale, une asepsie (terme utilisé pour désigner la désinfection de la peau) insuffisante de la zone peut entraîner la contamination.
Un cas particulier concerne la jument et le poulain, où le tétanos peut être contracté lors de la mise bas via le placenta, ou chez le poulain, par l’ombilic.
Bien que le tétanos ne soit pas une zoonose, ce qui veut dire que les animaux ne peuvent pas transmettre directement la bactérie aux humains, Nous pouvons tout de même l’attraper en entrant en contact directement avec la souche bactérienne.
Pourquoi le cheval est-il particulièrement touché ?
Le chat présente une résistance à l’infection 10 fois supérieure à celle du chien qui est lui-même 600 fois plus résistant que le cheval. Cette résistance s’explique par une diffusion moins efficace de la toxine dans l’organisme du chat, ainsi qu’une capacité réduite de la toxine à se fixer au système nerveux.
Le cheval est donc l’animal domestique le plus à risque face au tétanos pour deux raisons principales. Tout d’abord, il réagit de manière particulièrement sensible à la toxine, même une petite quantité suffit à déclencher la maladie. Ensuite, son mode de vie l’expose davantage, car il est souvent en contact direct avec le sol, le fumier et la poussière, augmentant ainsi ses rencontres avec les spores. Enfin, les chevaux sont sujets à se blesser facilement, que ce soit à cause d’objets, de la ferrure ou des clôtures. Par conséquent, la vaccination contre le tétanos est essentielle pour tous les chevaux, sans exception.
Les signes cliniques du tétanos
Certaines images peuvent être susceptibles d’heurter la sensibilité.
Les symptômes se manifestent progressivement et s’aggravent rapidement. Ils varient en fonction de la quantité de toxine dans l’organisme, de la taille, de l’âge de l’animal et de son statut immunitaire.
Au début, les premiers signes sont souvent discrets. On peut remarquer une modification de la démarche, qui donne une impression de rigidité ou de raideur, ainsi qu’une incoordination des mouvements. Un changement de comportement peut également se manifester. Chez le chien, on peut observer une difficulté à cligner des yeux ainsi qu’un changement dans la tonalité de la voix lorsqu’il aboie.
Ensuite, de la constipation ou des coliques peuvent se manifester à cause de la difficulté à adopter la position adéquate pour déféquer. En effet, les premiers muscles affectés incluent ceux essentiels pour cette posture.
Certains chevaux éprouvent des difficultés à manger par terre à cause des spasmes de l’encolure. À mesure que la maladie progresse, on remarque une restriction des mouvements de la mâchoire que l’on appelle “trismus”, une salivation excessive, que l’on appelle également “ptyalisme”, et une procidence de la troisième paupière, c’est-à-dire que le coin interne de l’œil ressort anormalement. Ce signe est caractéristique de cette pathologie. On observe également une modification de l’expression faciale avec des oreilles tirées en arrière, laissant apparaître des plis de la peau sur le front.
La queue de l’animal se raidit et se dresse de manière inhabituelle, notamment lorsqu’on tente de le faire reculer. De plus, il manifeste une hyperesthésie, ce qui signifie qu’il est particulièrement sensible à son environnement et réagit de façon exagérée à toute stimulation extérieure. Les spasmes de l’encolure, initialement provoqués par la prise d’aliments au sol, surviennent désormais au moindre contact sur l’encolure ou la tête, accompagnés de spasmes des muscles faciaux, des masséters (muscles de la mastication) et des muscles autour des yeux, donnant une impression d’œil renfoncé dans l’orbite.
La raideur s’intensifie et se généralise à tout le corps : les membres, la tête, les oreilles, l’encolure et la queue se figent en hauteur, donnant l’impression d’un “cheval de bois” ou que “l’animal est face à une soufflerie”. Il peut chuter et avoir des difficultés à se relever en raison des spasmes musculaires, de la raideur de ses membres et de son anxiété.
Dans la phase terminale, la toxine atteint les muscles de la déglutition, provoquant des spasmes laryngés et des fausses routes, avant d’affecter les muscles respiratoires. Cette phase survient généralement entre 5 et 7 jours après l’apparition des premiers symptômes et évolue rapidement vers le décès de l’animal.
D’autres complications peuvent aussi entraîner la mort de l’animal. Par exemple, chez les chevaux, les fractures résultant de chutes ainsi que les pneumonies causées par des fausses déglutitions sont particulièrement préoccupantes.
Chez le chien et le chat, l’évolution de la maladie est souvent plus lente et parfois moins sévère, mais elles demeurent néanmoins très dangereuse. Ainsi, il s’agit d’une maladie très grave et tout symptôme suspect doit impérativement inciter à une consultation vétérinaire.
Comment le vétérinaire peut diagnostiquer le tétanos ?
Il n’existe pas d’examen de laboratoire pour confirmer le tétanos. Cependant, l’historique médical, l’absence de vaccination et les signes cliniques permettent de poser un diagnostic. Ainsi, lorsqu’un animal montre des signes de raideur inhabituelle après une blessure récente, cela doit vous inciter à consulter votre vétérinaire.
Quels sont les traitements possibles pour le tétanos ?
Il est possible de guérir votre animal du tétanos si la maladie est décelée à temps et la prise en charge rapide. Le traitement va reposer sur plusieurs objectifs :
Élimination de la bactérie : D’abord, il est essentiel d’identifier la plaie responsable de l’infection, puis de la nettoyer soigneusement. Si la blessure est particulièrement profonde et perforante, le vétérinaire peut être amené à « débrider la plaie », c’est-à-dire à l’ouvrir pour en faciliter le nettoyage. Ensuite, des antibiotiques sont mis en place pour éradiquer la bactérie. Toutefois, la toxine demeure dans l’organisme et ses effets aussi. C’est pourquoi un sérum antitétanique est administré. Ce sérum fournit au système immunitaire de l’animal les anticorps nécessaires pour neutraliser une partie des toxines.
Traiter les symptômes de l’animal : le vétérinaire administre des myorelaxants afin de détendre les muscles et des tranquillisants si l’animal souffre d’une anxiété profonde. De plus, l’animal peut recevoir une perfusion et une alimentation assistée. Dans certains cas, les vétérinaires doivent vidanger la vessie ou, pour les chevaux, retirer les crottins manuellement. Enfin, dans les situations les plus critiques, une assistance cardiorespiratoire est indispensable.
Adapter l’environnement : Il est essentiel de placer l’animal dans un espace sombre, calme et confortable, ce qui permet de minimiser les stimulations. En ce qui concerne les chevaux, il est possible de protéger les parois des boxes afin de prévenir d’éventuelles blessures supplémentaires.
Lorsque la maladie est détectée et traitée rapidement, l’animal a de bonnes chances de s’en sortir. Cependant, le traitement est souvent lourd et la guérison peut s’étendre sur plusieurs mois, avec des séquelles fréquentes. Dans les cas les plus graves, seulement la moitié des chiens survivent. Pour les chevaux, le tétanos est fatal dans 80 % des cas.
Comment prévenir le tétanos ?
Comment prévenir le tétanos ?
Pour prévenir le tétanos, il est essentiel de maintenir un environnement propre grâce à la désinfection régulière des locaux. Toutefois, comme le Clostridium tetani n’est pas sensible à tous les désinfectants, il est recommandé d’utiliser un produit à base d’ammoniums quaternaires, tel que le SPECTRAGEN.
Il est crucial de surveiller les blessures de nos animaux. Tout d’abord, il faut nettoyer les plaies profondes et les ombilics des poulains nouveau-nés. Pour cela, il est conseillé d’utiliser un antiseptique à base d’iode comme la Bétadine. À défaut, l’eau oxygénée peut être une alternative, car les bactéries anaérobies ne peuvent se développer en présence d’oxygène.
En 1923, Gaston Ramon, un vétérinaire biologiste, a découvert comment transformer la toxine tétanique en anatoxine. Cette dernière est une toxine bactérienne modifiée qui a perdu ses propriétés toxiques tout en conservant ses capacités immunisantes. Puis, en 1926, il a utilisé l’anatoxine pour prévenir le tétanos, créant ainsi un vaccin. Depuis, une solution simple et efficace permet au corps de se défendre par lui-même contre le tétanos en cas d’exposition.
La vaccination contre le tétanos n’est pas obligatoire pour nos animaux de compagnie. Cependant, le cheval présente un risque particulier, c’est pourquoi il est fortement recommandé de le vacciner contre cette maladie. En revanche, pour le chien et le chat, la nécessité de la vaccination est moindre. Toutefois, si votre animal vit dans un environnement à risque, le vaccin peut être conseillé.
Le protocole vaccinal pour les chevaux commence par une primovaccination qui comprend deux injections espacées d’un mois. En général, le cheval est protégé dix jours après la deuxième injection. Le premier rappel a lieu un an plus tard, puis les rappels suivants sont effectués tous les un à trois ans, selon le vaccin utilisé. De plus, un rappel supplémentaire est conseillé en cas de plaie ou d’intervention chirurgicale. En cas d’opération, il est préférable de vérifier que le cheval ait reçu un rappel depuis moins de six mois. Pour les poulinières, un rappel pendant le dernier mois de gestation assure une bonne transmission des anticorps au poulain via le colostrum (premier lait que va boire le poulain).
Si vous pensez que votre animal est dans un environnement à risque, n’hésitez pas a demander conseil votre vétérinaire pour parler d’une potentielle vaccination.
Merci d’avoir pris le temps de lire cet article jusqu’à la fin ! Nous espérons qu’il vous a aidé à mieux saisir la nature du tétanos et ses implications. Si vous désirez d’autres articles similaires sur différentes pathologies animales, n’hésitez pas à nous laisser un commentaire !
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